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Confidences de Jean Larin, aux éditions du Septentrion
30-03-2023

Jean Larin, a œuvré comme journaliste à Radio-Canada de 1966 à 1991. Il fait paraître en 2021 Confidence de Jean Larin aux éditions du Septentrion, un livre qui, comme le titre l'indique, raconte sa vie. Le témoignage d’un homme alors âgé de 77 ans qui a eu envie de laisser une trace à la suite d’une vie plutôt mouvementée.

 

Durant le quart de siècle qu’il a passé au service de l’information de Radio-Canada, Jean Larin a été appelé à couvrir une multitude d’événements qui ont marqué l’histoire du Québec, du Canada et du monde.

Comme correspondant à la colline parlementaire à Québec, il a entre autres assisté à l’ascension de Robert Bourassa, à la naissance du Parti québécois, et a vécu au plus près la crise d’Octobre de 1970. Il est à Ottawa alors que Pierre Elliott Trudeau doit affronter la crise du pétrole à la tête d’un gouvernement minoritaire. Il est également là quand se trame la «nuit des longs couteaux». Vous vous souviendrez de lui comme correspondant à l’étranger. Au gré de ses affectations, il nous a expliqué au Téléjournal le scandale du Watergate, la guerre civile en Irlande et au Liban, la révolution des œillets au Portugal, la fin de la Rhodésie blanche, la visite du président égyptien Anouar el-Sadate à Jérusalem, le terrible tremblement de terre de 1977 en Roumanie, celui du Mexique en 1985.

Jean Larin revient sur ces événements, et plusieurs autres, mais sans trop s’attarder, ce qui nous laisse un peu sur notre faim. C’est tellement rare qu’on ait accès aux vraies coulisses de l’information, qu’on aurait pris plus d’anecdotes comme celle de sa rencontre épique avec le légendaire chef de l’Organisation de la libération de la Palestine, Yasser Arafat, à Tunis, ou ce moment où on l’informe que le ministre du Parti québécois Claude Morin est un espion à la solde de la GRC.

Si Jean Larin demeure relativement en surface sur ses années en journalisme, c’est qu’il a plein d’autres choses à raconter, ayant touché à plusieurs domaines. Par exemple, à la mi-quarantaine, il retourne aux études pour y étudier le droit. À 48 ans, il devient avocat, et la vie étant ce qu’elle est, faite de rencontres (notamment avec Sylvain Vaugeois), de contacts, d’opportunités, il se retrouve à diriger une ONG (organisation non gouvernementale) qui fait de la formation en journalisme dans les pays de l’Afrique francophone. Il sera aussi gestionnaire à Radio-Canada International. C’est après ses huit années à RCI qu’il prendra finalement sa retraite.

Le livre s’intitule Confidences de Jean Larin parce que l’auteur va au-delà de sa vie professionnelle. Larin raconte aussi d’où il vient. Difficile d’imaginer que ce journaliste rigoureux, intrépide, à la voix forte et à la diction impeccable, provient d’un milieu aussi modeste que celui qu’il décrit. Son passage au Collège de Montréal grâce à des bourses obtenues à cause de son talent de joueur de football, et ses cours de diction avec le grand acteur français François Rozet, sont parmi les raisons qui lui ont permis d’accéder à un milieu qui ne lui était pas naturellement destiné.

C’est en entendant Janette Bertrand dire aux aînées pendant la pandémie de prendre la plume et de raconter leur vie que Jean Larin s’est convaincu que la sienne méritait d’être écrite. Aussi, ce livre a été rédigé pour dire à ses enfants et ses petits-enfants qui était leur père, leur grand-père.

 

Jean Larin va loin dans la confidence. Il parle de ses déboires matrimoniaux, de ses absences chroniques auprès de ses enfants, de ses problèmes d’alcool qui l’ont mené aux Alcooliques anonymes. Il évoque ses ennuis de santé, un diagnostic de sclérose en plaques (SEP) en 1971, le cancer de la prostate qui l’afflige présentement. Parfois, on a l’impression que ce sont beaucoup de détails impudiques, mais l’ancien journaliste sachant trop bien qu’on n’est jamais trop informé des choses de la vie, dévoile beaucoup de secrets de la sienne pour nous entretenir des choses qui lui importent aujourd’hui, comme la résilience, la responsabilité, ou la générosité à l’égard des autres.

Au bout du compte, je pense que c’est une lecture qui peut interpeller tout le monde tant la réflexion de son auteur peut transcender sa seule personne.

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