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Ciels parallèles, un roman d'Henri Chassé sur fond de musique jazz
16-02-2022

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Je vous le dis tout de suite, Henri c’est un ami d’enfance. Je me souviendrai toujours du jour où on a fait connaissance. Un matin d’octobre, en 5e année B, Mme Bureau nous a présenté un nouvel ami qui arrivait de Québec, Henri Chassé. Je trouvais bizarre qu’un enfant de 10 ans ait un tel nom. Quant à la ville de Québec, pour le gars de Hull que j’étais, c’était très exotique. À la récréation, je suis allé à sa rencontre dans la cour d’école : ‘’As-tu vu le cortège funéraire de Daniel Johnson passer dans les rues la semaine passée ?’’ C’est la première question que je lui ai posée. La semaine précédente, le premier ministre Daniel Johnson avait eu droit à des funérailles nationales à la basilique Notre-Dame de Québec, les images télévisées du cortège dans le Vieux-Québec m’avaient aussi impressionné que celles des funérailles de John F. Kennedy cinq ans plus tôt. On a immédiatement connecté. On s’est perdu de vue au secondaire, lui est parti étudier au privé, moi au public.

J’ai suivi sa carrière de comédien avec intérêt, je suis par contre passé à côté de ses publications en poésie (2 livres quand même! aux Écrits des Forges), et me voilà à vous parler de son roman qui se déroule, je vous le donne en mille, à Québec, et sur la Côte du sud.

Cette dernière location m’a d’abord surpris, car Henri passait ses vacances d’été aux Éboulements. Je me serais attendu qu’il plante son décor sur la rive nord du Saint-Laurent. Mais le comté de Bellechasse, sa lumière, sa vue sur l’île d’Orléans, les bateaux qui passent sur cette branche du fleuve Saint-Laurent, l’eau vaseuse et chaude l’été, les journées de brume, cet environnement qu’il décrit si bien dans Ciels parallèles, il l’a connu aussi, des années plus tard lorsqu’il y a passé ses étés à jouer au théâtre de Beaumont.

Henri nous offre un roman choral. Il nous présente chacun de ses personnages. Rien ne semble les unir. Étrangers les uns aux autres, chacun à une étape différente de sa vie. Mais ce pouvoir magique qu’ont les écrivains de faire se rencontrer des destins, Henri Chassé le possède parfaitement. La mort, la maladie, l’abandon, la perte, la mémoire seront autant de fils qu’il tirera pour réunir les morceaux de son casse-tête avec un style d’une extrême élégance. Et par-dessus tout, ce qui à mon avis est la grande réussite de ce roman, c’est le rôle qu’il fait jouer à la musique, elle est comme un liant entre les personnages. Quelle joie, en découvrant cet aspect de son roman, de savoir qu’Henri a gardé, comme moi, un grand attachement à la musique.

Quand on était jeunes, on parlait tout le temps de musique. Je me rappelle de l’album Fu Man Chu de Robert Charlebois paru il y a 50 ans. On ne savait pas qu’on tenait entre nos mains un disque à ce point historique, mais on en jasait comme si c’était la fin du monde.

Nos goûts se sont développés avec le temps, et je constate qu’on est encore au diapason. Dans son livre, il fait écouter à ses personnages des pièces de Chet Baker (Alone Together), Billie Holiday (You’ve Changed), Cole Porter (You’d Be So Nice To Come Home To), Paolo Conte (Dancing), Alain Souchon (Ballade de Jim), tous des artistes que j’adore.

J’ai lu Ciels parallèles avec ma tablette à mes côtés pour écouter au fur et à mesure les musiques qui surgissent dans l’histoire et en teintent le climat. Henri a même eu la bonne idée de mettre la liste des pièces évoquées en annexe pour qu’on les retrace plus facilement. J’en ai fait une liste de lecture.

Avec une telle entrée en piste chez les écrivains, on n’a pas fini de lire du Henri Chassé, de vibrer à la musique de ses mots.

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