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Fermeture des magasins La Baie: comme dans le temps des dinosaures
18-03-2025

Il est beaucoup question dans l’actualité de la disparition prochaine de la Compagnie de la Baie d’Hudson fondée en 1670.

Il ne faut cependant pas oublier que les magasins que cette chaîne possède au centre-ville de Montréal, d’Ottawa et de Toronto ont d’abord été des joyaux qui ont fait les beaux jours du commerce de détail dans ces trois villes, sous d’autres noms.

Avant d’être des La Baie, le magasin de la rue Sainte-Catherine à Montréal a été un Morgan’s, celui de la rue Rideau à Ottawa a été un Freimans, et celui de la rue Queen à Toronto a été un Simpson’s.

 

Le concept du magasin à rayon étant qu’on y trouve de tout, je les ai tous fréquentés durant ma vie.

Ma mère ayant longtemps travaillé dans un grand magasin (chez Caplan’s rue Rideau qui a disparu en 1984), je pense donc à tous ces commis qui vont perdre leur emploi.

Si je m’attriste de la fermeture prochaine de ces trois magasins en particulier, c’est aussi parce que ces géants sont situés à des endroits stratégiques.

Prenons juste le cas du magasin de Montréal. La rue Sainte-Catherine où il se trouve, et le square Phillips, son voisin d’en face, viennent d’être refait à neuf. Montréal n’a pas besoin d’une verrue dans cet environnement très touristique.

On le sait, un édifice placardé, ce n’est jamais bon dans une rue commerçante.

En même temps j’essaye d’être philosophe: la roue tourne et les temps changent.

C’est une des leçons qu’on apprend en s’intéressant à l’histoire du commerce au détail.

En son temps, le fondateur du magasin Morgan’s, l’Écossais Henry Morgan, a bousculé beaucoup l’ordre des choses lorsqu’il a déménagé son commerce du square Victoria au square Phillips (angle Sainte-Catherine et Union) en 1891.

L’idée de faire un grand magasin à rayons lui est venue lors d’une visite Au Bon Marché à Paris.

Il a été un des premiers à répliquer ce modèle en Amérique. Le succès a été probant. Sa décision a fait se déplacer le centre-ville du Vieux-Montréal vers la haute ville.

Henry Morgan n’a pas lésiné pour marquer les esprits. Son magasin affichait un grand luxe. On dit que sa construction a coûté 400 000$ de l’époque.

C’est l’architecte John Pierce Hill qui a signé les plans de ce bâtiment, longtemps appelé The Colonial House, construit dans un style ‘’roman richardsonien’’ (dans le même style on lui doit, en 1887, l’édifice Wells & Richardson Ltd., au 1050 rue de la Montagne).

L’édifice de quatre étages, recouvert de grès rouges écossais importés, ‘’est modifié en 1923 par les architectes Barott et Blackader avec un ajout de style Beaux-Arts de huit étages, également en pierres rouges pour correspondre à la conception originale.’’

Un autre ajout sera fait à l’arrière du magasin en 1964. L’annexe, de style brutaliste, compte également huit étages.

En faisant mes recherches, j’ai aussi appris que le magasin Morgan’s (ainsi appelé jusqu’en 1972, même si la Compagnie de la Baie d’Hudson en est propriétaire depuis 1960), a accueilli, en 1952, un supermarché Steinberg au sous-sol!

Morgan’s, Steinberg, Simpson’s, Freimans, Caplan’s, tous ces noms que je viens d’évoquer sont disparus…

Même chose pour Eaton’s et Dupuis Frères, et les grands magasins que j’ai fréquentés à l’époque où j’habitais à Québec: Laliberté, Paquet, le Syndicat et Pollack.

Tout ça est bien plate, mais ça ressemble à l’histoire des dinosaures!

Il y a de quoi ressortir la chanson Le déni de l’évidence de Mes Aïeux!

L'édifice Wells & Richardson, 1050 rue de la Montagne à Montréal
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