top of page

A Complete Unknown: remonter à l'origine du phénomène Bob Dylan
27-12-2024

471284465_2837753076398781_8314370808482100994_n.jpg

Vu A Complete Unknown dans une salle du cinéma Forum pleine, le 26 décembre, au lendemain de sa grande sortie très attendue, à un peu plus de deux mois des Oscars.

Nous étions en milieu d’après-midi, c’était rempli de têtes blanches venues, pour la plupart, renouer avec un artiste qu’ils ont connu alors qu’il était inconnu.

Je vous le dis tout de suite, j’ai beaucoup aimé ce film et le public aussi. Après 2 heures 20 d’une écoute religieuse, les spectateurs ont applaudi! C’est rare.

471695981_2837734333067322_413684783253672438_n.jpg

J’ose imaginer qu’une partie de ces applaudissements sont allés autant à leurs souvenirs qu’à Timothée Chalamet, l’acteur qui incarne Bob Dylan à 20 ans, cet âge où le troubadour, sorti du Minnesota avec sa guitare en bandoulière, est passé, de manière instantanée, de parfait inconnu à légende folk.

Timothée Chalamet, lui, a, aujourd’hui même, ce 27 décembre, 29 ans.

Né à New York, d’un père originaire de Nîmes en France et d’une mère new-yorkaise, ce Timothée béni par le 7e art (Call me by Your name, Dune) s’élève encore plus dans le firmament des stars avec ce film qui le propulsera une fois de plus, c’est sûr, dans la course aux Oscars.

Dans ce biopic, il réussit à endosser les habits de Dylan, à gratter de manière habile la guitare (remarquez ses ongles) et à chanter comme lui, et même à souffler dans l’harmonica d’une manière telle qu’on y croit.

Ce film est rempli de chansons. La musique est la matière première du scénario. Comme pour Monsieur Aznavour, c’était risqué de demander à un acteur de s’attaquer à des monuments comme Tambourine Man, The Times They Are a-Changin, A Hard Rain's a-Gonna Fall ou encore Like a Rolling Stone.

Comme Tahar Rahim, Timothée Chalamet a fait ses devoirs, il a eu des coachs de guitare, de chant, de ruine-babine. Il chante toutes les chansons de Dylan entendues dans le film: sur scène, en studio, dans sa piaule new-yorkaise, comme le bohème qu’il était. Il faut rester jusqu’à la fin du générique pour entendre le vrai Dylan

J’utilise le mot ruine-babine pour faire image, pour souligner que Timothée a rangé son look de dandy androgyne pour devenir le jeune créateur fiévreux qu’a été Dylan à partir de 1961, obsédé par la musique et d’une terrible indépendance devant tous ceux qui se prosternent devant son génie précoce. D’ailleurs, Dylan est à la limite désagréable avec son entourage, particulièrement les femmes, notamment Joan Baez.

Ce qui m’amène à parler des autres acteurs, car ce film ne repose pas que sur les épaules de Chalamet. Et c’est ce qui fait sa force.

Monica Barbaro, est tout simplement magnifique en Joan Baez. Sa voix, son visage…wow!

Elle Fanning, qui incarne la première blonde new-yorkaise de Dylan, est attendrissante. Pas facile d’aimer un être complètement dédié à la création.

Ed Norton en Pete Seeger est fabuleux aussi. Vous avez oublié qui est Pete Seeger? Ça va vous revenir quand vous allez l’entendre chanter et gratter son banjo. On lui doit d’avoir parrainé Dylan, mais aussi les chansons If I Had a Hammer, Where Have All the Flowers Gone?, Guantanamera (empruntée aux Cubains), et le Festival de folk de Newport (Rhode Island).

C’est ce qui est formidable de ce film, pas besoin d’être un spécialiste de l’œuvre de Dylan pour embarquer, il y a tellement de choses dans ce scénario qui se concentre sur le début des années 1960.

En arrière plan de la naissance artistique de Bob Dylan, il y a l’apparition des festivals folk, la guerre froide, l’assassinat de Kennedy, les manifestations pour les droits des noirs, la rivalité entre les musiciens folk et les bands pop qui jouent avec des instruments électriques. Autant d’éléments qui nourrissent le personnage central du film qui est toujours en réaction à son environnement social et musical.

La reconstitution de l’époque est d’ailleurs très impressionnante.

Est-ce que je suis moins indifférent à Bob Dylan qu’avant après avoir vu ce film ?

Certainement.

Je connais un peu mieux l’étincelle à l’origine du phénomène.

Merci à James Mangold pour ça. Je n’attendais surtout rien de ce réalisateur qui a fait un Wolverine, un Indianna Jones et même un Ford vs Ferrari avant ça….mais aussi Walk the Line sur Johnny Cash, personnage qu’on retrouve d’ailleurs dans le film sur Dylan.

Bob Dylan a maintenant 83 ans. Il est toujours vivant, fait encore de la musique et des tournées. On lui a même attribué un prix Nobel de littérature !

On dirait que créer et être indépendant ça fait vivre vieux.

Qu’on pense à McCartney, Charlebois, Dufresne, Dubois, toujours vivant eux aussi.

À Aznavour, mort à 94 ans. À Ferland, disparu à 90 ans.

Pour nous, pauvres mortels à têtes blanches, allez voir leurs biopics au cinéma, les applaudir en spectacle, électrique ou symphonique, s’émerveiller devant leur legs au musée, est comme s’abreuver à leur fontaine de jouvence!

Baignez dans votre jeunesse! c’est la grâce que je souhaite à mes contemporains en allant voir ce film. Pour les plus jeunes, ce sera une autre belle occasion de regarder ce qui s’est fait avant eux avec une certaine envie.

bottom of page