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Vers un avenir radieux: E che cazzo!
17-10-2023

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Au rayon des couleurs de l’automne, voilà que le cinéma nous amène celles du réalisateur italien Nanni Moretti. Son plus récent film, Vers un avenir radieux, dévoilé à Cannes en mai dernier, prend l’affiche dans 8 cinémas du Québec, à Montréal, Saint-Bruno, Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières et Québec.

Moretti a un public fidèle au Québec. Ceux qui ont vu Habemus Papam, La Chambre du fils, Aprile au fil des ans seront très heureux de le retrouver toujours aussi Romain et toujours aussi torturé par la vie contemporaine.

Dans Vers un avenir radieux, il est une fois de plus proche de son personnage principal. Il incarne Giovanni, un réalisateur qui peine à faire un film historique sur la réaction des communistes italiens devant la répression de l’insurrection hongroise par les Soviétiques en 1956.

Premier défi, faire comprendre à son équipe ce qu’était le communisme à cette époque. Si on a souvent l’impression que la jeunesse québécoise ne connait rien de son histoire, ce n’est pas différent en Italie au grand désarroi de ce metteur en scène plutôt autoritaire qui n’a de cesse de relever le manque de rigueur historique des différents départements de production de son film, et de ramener à l’ordre son actrice qui fait passer l’amour avant l’Histoire dans son jeu.

Nanni Moretti, en bon septuagénaire qui a connu la grande époque du cinéma italien, en profite aussi pour valoriser le bon vieux temps avec l’utilisation de films d’archives. Parallèlement, il conspue les méthodes d’aujourd’hui en articulant chaque mot qu’il prononce à l’écran, comme s’il voulait être bien compris de tous.

Pour illustrer ce qu’il considère comme la dérive du cinéma d’aujourd’hui, son personnage devra encaisser la faillite de son coproducteur français, la décision de sa femme, sa productrice depuis 40 ans, de le laisser, et accepter que son projet finisse dans les mains d’intérêts coréens.

Il y aura même une tentative de sauver les meubles en demandant l’aumône à Netflix, qui lui sera refusée parce que son projet manque d’un moment what the fuck!

Cette scène d’anthologie hilarante nous montre dans toute sa splendeur le risible cirque qu’est devenu le financement des films et la manière téléguidée de les faire.

Car, oui, Vers un avenir radieux est une comédie. Il faut voir Giovanni débarquer sur le plateau d’un autre film produit par sa femme pour empêcher le tournage d’une scène d’exécution à l’arme de poing. Pour l’appuyer dans son plaidoyer, Giovanni fait même intervenir deux sommités italiennes, la mathématicienne Chiara Valerio, et Renzo Piano, le célèbre architecte du Centre Georges-Pompidou à Paris et du Shard de Londres.

Ça, c’est sans parler des moments où le réalisateur (celui à l’écran et celui qui signe le film) donne à son film des airs de comédies musicales où tout le monde se met à danser et à chanter, pour notre plus grand plaisir.

Du cinéma comme ça, libre, disjoncté, avec un propos social et politique, ça n’existe pratiquement plus. Nanni Moretti caricature, mais il va au bâton. C’est lui qui porte à l’écran l’essentiel de ce discours critique à l’égard de notre époque, au risque parfois d’avoir l’air hébété.

Ce serait son dernier film, qu’il pourrait s’intituler Testamento, mais en plus what the fuck. Quelque chose comme E che cazzo, comme on dit en Italie!

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