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Festival international du film d'art: films à voir en ligne
19-03-2023

Le Festival international du film sur l'art bat son plein présentement en salle à Montréal et Québec. À compter du 24 mars, la grande majorité des films de la programmation seront disponibles en ligne. Voici quelques suggestions de films que j'ai vus.

Lettre d’amour à Léopold Foulem

Le 18 février dernier mourait Léopold Foulem, grand céramiste originaire de Caraquet-Nouveau-Brunswick, malheureusement méconnu du grand public. Il avait 77 ans. Quand on voit le documentaire Lettre d’amour à Léopold Foulem de sa compatriote acadienne Renée Blanchar, on réalise qu’on a manqué quelque chose. C’est comme si Antonine Maillet, Viola Léger, ou Edith Butler étaient demeurées confidentielles.

Avec ses lunettes à la Elton John et des djellabas comme en portait jadis Michel Tremblay,  Léopold Foulem c’est la rock star de la céramique conceptuelle au Canada. Il a plus de 40 expositions solos à son actif, près de 300 expositions de groupe. On retrouve ses œuvres dans les collections de nos grands musées, mais aussi au Victoria & Albert Museum de Londres et au Los Angeles County Museum. Il a obtenu les prix Chalmers, Saydie-Bronfman, Éloize. On dit qu’il est le plus grand spécialiste de Picasso le céramiste.

Ça fait 7 ans que René Blanchar veut porter à l’écran ce personnage qui, tout jeune, l’a influencée à faire carrière dans les arts. Elle a eu grand mal à financer son projet, mais le film s’est finalement fait. Le tournage a eu lieu l’été dernier à la maison d’été de Léopold Foulem à Caraquet, une vieille demeure ancestrale, sans eau courante. Chaque année, depuis des décennies, l’artiste profite de ses vacances de prof au CÉGEP du Vieux-Montréal pour aller exercer son art dans son pays natal.

En route vers l’Acadie, on s’arrête dans les ventes de garage que Léopold Foulem trouve sur son chemin. On le voit faire une razzia sur les porcelaines les plus originales et les plus colorées. Salières-poivrières, beurriers, tasses, soucoupes, pots de crème, théières, notre homme est un collectionneur compulsif qui, une fois arrivé à la maison, admire ses acquisitions et s’en inspire pour son propre travail.

Et là c’est la surprise. Le céramiste détourne les usages, le sens, ou encore il additionne des fonctions pour créer, à chaque fois, des objets d’art surprenants, sculpturaux, magnifiques, souvent humoristiques.

La réalisatrice filme son sujet à toutes heures du jour, mais jamais au travail, car l’été dernier Léopold Foulem était malade. D’ailleurs, la mort est souvent évoquée dans le film. Il confiera avoir le sentiment de vivre sur temps emprunté, la plupart des membres de sa famille étant morts avant 70 ans.

Heureusement à son chevet, il reste son mari, et sa sœur qui font tout pour lui. L’artiste les appelle ses fées. Marie-Paule Foulem fait son lavage, sa vaisselle, emballe ses œuvres pour l’expédition à travers le monde. Richard Milette joue au chauffeur, cuisine, et se réserve les tâches les plus exigeantes du métier de céramiste.

Ce document est vraiment d’une humanité touchante. J’ai été particulièrement sensible à la beauté de la langue française parlée par ce Léopold qui n’a pas fini ses études secondaires parce qu’il s’ennuyait trop à l’école), par sa sœur, d’une magnifique éloquence, et les quelques amis acadiens qui viennent le visiter.

Ce film est vraiment à voir. Espérons qu’il incitera nos musées à consacrer à cet immense artiste une belle grande exposition.

En ligne le 24 mars

Belmondo l’incorrigible

Belmondo est né en 1933. Il aurait eu 90 ans le 9 avril prochain. Bébel, comme l'appelle les Français a toujours su qu’il serait artiste, et comme elle aussi, il lui a fallu inventer son propre personnage parce que sa fougue et sa gueule ne correspondaient pas au milieu du théâtre qu’il convoitait. C’est le cinéma qui l’a révélé, le cinéma de Jean-Luc Godard qui a fait mentir ceux qui lui disaient qu’avec son nez de boxeur il ne serait jamais un tombeur à l’écran.

Le documentaire Belmondo l’incorrigible de François Lévy-Kuentz nous emmène dans un véritable tourbillon. Les extraits de films et d’entrevues se suivent à une cadence effrénée. Cet acteur-cascadeur n’a jamais cessé d’enchaîner des projets de films qui mettaient la plupart du temps en valeur son côté athlétique et son sourire ravageur. Ce document fait du bien à regarder, Jean-Paul Belmondo ne cesse de sourire et d’avoir un propos de battant, un trait hérité de sa mère dira-t-il.

Avec Louis de Funès et Alain Delon, Belmondo a été un champion du box-office français, pour le meilleur et souvent le moins bon.

Voilà un film qui nous permet de passer par-dessus les années où l’acteur a privilégié les grosses productions ronflantes qui lui permettaient de cabotiner et d’impressionner la galerie avec des cascades toutes plus risquées les unes que les autres (Hold-up, Le Marginal, Le Solitaire). Ce résumé de carrière rend attachant cet homme capable de jouer autant Pierrot le fou que L’Homme de Rio au cinéma, capable aussi de surprendre le public dans les habits d’un Cyrano de Bergerac de Rostand ou d’un Kean de Sartre au théâtre. On y découvre aussi l’homme de famille, plus fidèle en amitié qu’en amour (il a notamment été en couple avec Ursula Andress et Laura Antonelli). Tout cela est très people, et très divertissant.

En ligne le 24 mars.

Romy, femme libre

La Romy du titre, c’est Romy Schneider, la magnifique actrice d’origine autrichienne qui a connu une fabuleuse carrière au cinéma avant de mourir trop jeune à l’âge de 43 ans. J’avais 23 ans lorsqu’elle est décédée. Je l’avais déjà vue, vous aussi j’imagine,  dans Le Vieux Fusil, Une histoire simple, La mort en direct, La Banquière, Fantôme d’amour, La Passante du Sans-Souci, succombant chaque fois à son charme.

 

À part ses débuts fracassants dans Sissi dont on a toujours beaucoup parlé, j’étais un peu trop jeune pour avoir un souvenir précis de l’incroyable parcours qui avait mené à cette stature de star du grand écran. C’est pourquoi le documentaire de Lucie Cariès a été pour moi une telle surprise. Il y a tant de révélations dans ce documentaire.  Avec des archives fabuleuses, on part de l’enfance de cette enfant de la balle née à Vienne, un an avant la guerre, et on nous mène jusqu’à la dernière entrevue avant son décès-surprise.

Je ne savais pas que ses parents ont été de grandes vedettes du cinéma allemand, proches du régime nazi. Après la guerre, c’est en jouant avec sa fille, notamment dans Sissi en 1955, que sa mère a pu se réhabiliter complètement aux yeux du peuple allemand.  Je ne savais pas non plus que la bonne fille à sa maman avait décidé, dans un coup de théâtre dramatique en 1958, de tourner le dos à sa famille et à son peuple pour jeter son dévolu sur un jeune premier français encore inconnu, Alain Delon.

Le titre du film de Lucie Cariès, Romy, femme libre, ne met pas de temps à confirmer sa pertinence. Pendant une heure et demie, les exemples qu’on nous donne d’une femme affranchie ne cessent de s’accumuler. Elle achète ses divorces, choisit l’homme qui lui donnera ses enfants, s’arrange pour jouer avec des partenaires qu’elle aime, renonce d’elle-même au mirage de la carrière américaine, s’attire des projets qui correspondent à ses convictions. À cet effet, elle accumulera à la fin de sa vie les rôles de juives martyrisées pas les SS, comme pour expier sa faute d’avoir été la fille chérie de parents proches de la Gestapo.

 

Romy Schneider est une femme qui vit par elle-même, refusant les étiquettes. Une solitude quand même lourde à porter d’autant qu’elle subit plusieurs coups du destin notamment le suicide du père de ses enfants, la mort par accident de son fils adolescent. Ça c’est sans compter le vieillissement, cette épée de Damoclès au-dessus de la tête des actrices, encore plus menaçante quand on a toujours été la plus belle. En tout cas, ce film fascinant démontre qu’on a beau naître princesse dans l’œil du public, la vie d’actrice, de femme libre n’est pas un conte de fées pour autant.

En ligne le 24 mars

Annie Lennox : de Eurythmics à l’engagement, itinéraire d’une icône pop

Sweet Dreams (Are made of this), Here Comes the Rain Again, Why, voilà trois titres marquants de la pop britannique qui m’ont précipité sur le documentaire que le FIFA propose sur Annie Lennox, cette chanteuse qu’on a découverte dans les années 1980 avec coupe courte, cheveux oranges, yeux clairs, et un alter ego, David Stewart, magicien des guitares et des synthétiseurs. La réalisatrice Lucie Cariès (encore elle) retrace le parcours de cette Écossaise de naissance au registre étonnant qui a élevé le look androgyne à des sommets.

 

Le film raconte la formidable chimie qui existait entre elle et son complice. L’usure que ce couple a vécue à force de créer et performer ensemble. L’une dans la lumière, l’autre dans l’ombre, alors que c’est elle la dark et lui l’être solaire du duo. On revient sur les frasques du groupe, la nécessité d’Annie Lennox de composer avec sa bipolarité, la rupture du duo, la réinvention de la chanteuse en artiste solo.

 

Le film nous explique d’où vient la source de l’engagement social d’Annie Lennox qui a épousé tant de causes durant sa carrière. La fille unique d’un travailleur des chantiers navals écossais et d’une mère à la maison, n’a jamais pu renier ses origines modestes malgré toute la gloire qu’elle a connue, les millions qu’elle a gagnés à être au sommet des palmarès. Vraiment intéressant de voir la vraie nature de cette artiste aujourd’hui âgée de 68 ans.

En ligne dès le 24 mars.

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