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MOMMY

21-09-14

J’ai tué ma mère. Les amours imaginaires, Laurence anyways, Tom à la ferme et maintenant Mommy. Tout ça en 5 ans et alors qu’il n’a que 25 ans, Xavier Dolan est rien de moins que prodigieux.

 

Dans Mommy, il ne joue pas mais porte plusieurs chapeaux. Il signe le scénario et la réalisation, assume la production, se charge du montage, conçoit les costumes et supervise les sous-titres en français et en anglais. Juste ça c'est exceptionnel!

Dès le début, il valide sa fiction, en nous avertissant que nous sommes dans un futur pas si lointain, une époque où le gouvernement vient d’adopter une loi qui donne la possibilité aux parents d’enfants difficiles d’abandonner leurs responsabilités aux pouvoirs publics.

 

Et pendant deux heures on verra une mère tout faire pour éviter d’en arriver là.

 

Cette mère c’est Diane, femme excentrique, au langage truculent, veuve battante et aimante mais souvent au bord de la crise de nerf. Et on la comprend. Son Steve est un ado attachant mais au comportement aussi délétère qu’une bombe à neutrons. Son TDAH, trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité, le rend violent et imprévisible.

 

La vie de Diane et Steve est donc minée. À la moindre contrariété, ça explose fort et ça fait des dégâts. Mais la tempête est toujours suivie de réconciliations émouvantes et de promesses qui ne tiennent pas sauf celle de l’amour inconditionnel.

 

 En choisissant de mettre en scène cette problématique contemporaine et très chargée émotivement, Xavier Dolan peut exploiter son talent pour les scènes d’anthologie.

 

Il pousse à un niveau inégalé son art de la réplique assassine et vitriolique lorsque la mère et le fils s’affrontent. Et il tourne avec maestria le spectacle de ses personnages qui disjonctent.

 

Anne Dorval et Antoine Olivier Pilon sont renversants. Une grande partie de la force du film repose sur leur jeu. On a là deux acteurs qui s’abandonnent totalement à leur personnage.

 

La vérité vient aussi de la langue. On y parle cru et québécois, ce qui rend ce qui se joue devant nous totalement crédible.

 

Le récit, qui pourrait être linéaire si on s’en tenait à ce duo, s’enrichit de la présence d’un troisième caractère : la mystérieuse voisine d’en face.  Suzanne Clément incarne avec brio cette enseignante en sabbatique qui s’exprime au prix d’un lourd bégaiement. On ne sait pas trop quel traumatisme l’a hypothéquée de la sorte mais on la verra s’épanouir au contact de nos deux joyeux naufragés.

 

Je dis joyeux parce que malgré les dommages collatéraux causés par les effets du TDAH, il y a aussi de la place pour du rire et de la joie dans cette maison comme en témoigne une scène où une chanson de Céline Dion est prétexte à lâcher son fou.

 

Encore une fois Xavier Dolan apporte un soin maniaque au choix des musiques qui ponctuent son film comme des intermèdes. On aime cette signature.

 

Pour toutes ses raisons, Mommy est certainement le plus achevé de ses films.

 

Un film qui fait l’effet d’un TASER parce qu'il nous saisit et nous touche au coeur.

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