
photo: Pierre Dury
2025 Revue et corrigée
16-12-2025

photos: ©Ève B. Lavoie
Moi qui aime les traditions, je suis servi au Théâtre du Rideau Vert. Depuis la géniale idée que Denise Filiatrault a eue il y a 20 ans de terminer l’année avec une revue humoristique, je n’ai jamais manqué une édition de Revue et Corrigée.
Et c’est drôle, chaque année on a envie de dire que c’est la meilleure de toutes. L’édition 2025 n’y échappe pas.
Mon Dieu que c’était bon!
Ça dure une heure 45 sans entracte. Pierre Brassard, Benoit Paquette, Monika Pilon, Marie-Ève Sansfaçon, Marc St-Martin, et Catherine Souffront-Darbouze ne lésinent pas sur les moyens pour créer l’illusion que Donald Trump (qui se multiplie même par 6 à un moment donné), François Legault (en coach des Boys), Doug Ford (en capitaine Canada), Éric Duhaime, Valérie Plante, Éric Lapointe, Denise Filiatrault, Mike Rona, les animatrices de l’Épicerie, etc., sont là devant nous. Pour notre plus grand plaisir, ils sont assignés à comparaître au tribunal de la dérision.
Dans la liste des épinglés de 2025, il y a aussi quelques revenants, comme Denis Coderre qui nous apparaît aux côtés d’Eddy Savoie des Résidences Soleil, et de remarquables oubliés.
Paul St-Pierre-Plamondon aurait bien mérité qu’on teste sa soupe au lait, Pierre Poilièvre, très présent l’an dernier, ne mérite même pas une risée, pourtant!, et j’imagine qu’on se garde Soraya Martinez Ferrada, nouvelle mairesse de Montréal, pour l’an prochain.
Chaque année, il y a un nouveau venu dans la distribution. L’arrivée de Catherine Souffront-Darbouze est payante, car on peut intégrer des personnages noirs.
Elle devient, par exemple, une excellente Boucar Diouf. La parodie de Je m’ennuie de toi permet un numéro où défile une ribambelle d’artistes aimés du public, comme Gilles Vigneault, Christian Bégin, Marthe Laverdière, Serge Denoncourt, Micheline Lanctôt, etc….
On utilise le même procédé dans un sketch inspiré de l’émission En direct de l’univers où se succède une kyrielle de vedettes interprétant des chansons connues dont on a, bien sûr, pris soin de changer les paroles pour susciter les éclats de rire.
Par exemple, la disparition de la Cherry Blossom emprunte au succès de Stevie Wonder My Cherie Amour.
Il y a quelques années, des vignettes préenregistrées ont été intégrées dans le spectacle pour permettre des changements de costumes qui prennent plus de temps. La qualité de ces numéros est de plus en plus grande, dépasse même souvent ce qu’on voit au Bye Bye.
La parodie de l’émission Sortez-moi d’ici à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui mêle séquence vidéo et présence sur scène, est une vraie réussite, en plus de toucher parfaitement là où ça fait mal.
Il y a même dans ce numéro l’utilisation d’accessoires automatisés, ce qui constitue une nouveauté. Ça nous donne droit à une famille de moufettes qui traverse la scène, et à un pâté chinois qui se met à bouger lorsqu’on lève la cloche qui le garde au chaud.
Avouons qu’il y a quelques numéros qui détonnent dans ce spectacle humoristique, comme celui empruntant à l’esthétique de la comédie musicale Chicago pour revenir sur trois grands procès de prédateurs sexuels. C’est l’occasion pour les trois filles de la distribution de river leurs clous à Gilbert Rozon, Gérard Depardieu, et aux cinq hockeyeurs juniors de London en Ontario.
On essaie aussi, sans y réussir, de nous émouvoir avec un numéro inspiré du discours patriotique d’Antoine Bertrand à la Fête nationale. On réalise que ce n’est pas donné à tout le monde d’écrire un texte avec des titres de chansons. Dans le même genre, le numéro avec Janette l’an dernier avait été plus concluant.
Deux choses m’ont frappé dans ce spectacle : la très grande place faite à des personnages anglophones qu’on fait parler avec un accent prononcé (Trump, Ford, Carney, le pdg d’Air Canada, et les vendeurs de caleçons Manmade…), et le spectacle ne se termine pas avec une chanson qui a été marquante dans la dernière année. Non, on se laisse avec une vieille chanson de Céline du disque d’eux qui a eu 30 ans cette année.
Faudrait que je fasse des recherches archéologiques pour en être certain, mais je pense qu’en 20 ans de ‘’Revue et corrigée’’, Céline est la seule à se mériter une place dans toutes les éditions.
Fiou! L’honneur de la Diva de Charlemagne est sauf!
En terminant, parce que c’est un travail d’équipe, mentionnons qui sont les gens qui permettent aux comédiens de briller. L’équipe est solide et sensiblement la même année après année.
À la mise en scène pour une septième année consécutive, Nathalie Lecompte, le script-éditeur est Luc Michaud, depuis 2018.
Même équipe d’auteurs : Mathieu Bouillon, Nicolas Forget, Luc Michaud, Dominic Quarré et Odrée Rousseau.
Suzanne Harel est la créatrice de costumes depuis 2009!
ASSISTANCE À LA MISE EN SCÈNE: Pascale d'Haese
CONCEPTION SCÉNIQUE ET ÉCLAIRAGES: Nicolas Ricard
ACCESSOIRES: Alain Jenkins
MUSIQUE: Christian Thomas
VIDÉO: Gaspard Philippe
PERRUQUES: Louis Bond
RÉALISATION CAPSULES VIDÉO: Francis Cloutier
2025 Revue et corrigée est à l’affiche jusqu’au 4 janvier. Ne manquez pas ça, ils sont imbattables et incorrigibles…..








