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SWAN SONG
UN DOCUMENTAIRE SUR LE DÉFI DE MONTER LE LAC DES CYGNES À NOTRE ÉPOQUE
26-10-2023

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Le ballet classique survivra-t-il à notre époque?

Le formidable documentaire Swan Song, à l’affiche en exclusivité au Cinéma du Musée à compter du 27 octobre, soulève l’épineuse question.

Dans ce film de 100 minutes, nous sommes témoins des périls que Karen Kain, ancienne directrice artistique du Ballet national du Canada, rencontre en montant Le lac des cygnes, œuvre créée originellement à Moscou en 1877. Non seulement c’est la première fois qu’elle dirige une production, elle doit le faire en contexte de situation financière précaire héritée de deux années de COVID.

Comme legs artistique, l’ancienne danseuse étoile, portée à ses débuts par nul autre que Rudolf Noureev, souhaite accoucher d’une production respectueuse des nouvelles valeurs d’équité, de diversité et d’inclusion adoptées par le Ballet national sous sa gouverne.

Vaste programme dans un milieu bâti sur les traditions, les castes, l’uniformité, la discipline.

Ayant accordé l’accès illimité à l’équipe de la productrice Neve Campbell (une ancienne danseuse qui s’est recyclée dans le cinéma d’horreur!), Karen Kain doit travailler à visière levée.

Au cours du film, tous les irritants paraissent, et le sourire si radieux de l’ex-ballerine, aujourd’hui âgée de 72 ans, disparaît pour faire place à la mine sombre des gens qui doutent.

Il y a la première danseuse, Jurgita Dronina, qui en fait à sa tête, même si elle ne peut éviter d’avouer, devant la caméra intrusive, qu’elle combat secrètement une inquiétante vieille blessure. On voit poindre la jalousie dans le corps de ballet quand l’une du groupe est élevée au statut de substitut au premier rôle. Il y a aussi le désarroi évident chez les danseuses à l’idée que pour la première fois de l’histoire du Lac des cygnes les porteuses de tutus en plumes blanches apparaîtront sur scène les jambes nues pour ne pas masquer leur vraie couleur de peau. On est également témoin de l’exaspération des danseuses devant la cadence militaire que leur impose le jeune associé chorégraphique de Karen Kain. Robert Binet pousse sur ses troupes, car c’est lui qui a le mandat de faire advenir sur scène la mythique cohésion du corps de ballet imaginée par Marius Petipa en 1895.

Et que dire du monde qu’il y a entre la vie rock’n’roll de Shaelynn Estrada et la rigueur qu’on exige d’elle en salle de répétition? Son maître de ballet ira jusqu’à lui suggérer de faire son lit, que cela l’aiderait à se discipliner!

Les scènes tournées dans les jours précédant la grande première nous font croire que le spectacle de trois millions de dollars s’en va directement dans un mur. En passant, on est soufflé par le gigantisme de la compagnie torontoise où s’agitent, dans l’ombre, un nombre incalculable de travailleurs, des costumières aux techniciens de scène en passant évidemment par un orchestre symphonique complet dans la fosse pour interpréter la partition de Tchaïkovski.

Et arrive le soir de première. Tout tombe en place, la magie opère! Les caméras sont partout à la fois pour nous montrer les visages qui se détendent, le bonheur de danser reprendre ses droits. On oublie le côté désuet des tutus et des déplacements sur pointes, si peu naturels dans la vie, pour ne voir que la beauté, la grâce et la pureté de la danse classique.

Ce film, qui nous emporte dans une suite d’émotions diverses, se termine donc dans une cascade de sourires. Des mines réconciliées avec la vie, qui semblent dire, oui, c’est beaucoup de sacrifices et de bobos, mais c’est le prix à payer pour faire triompher l’amour de la danse.

Swan Song est présenté en anglais avec sous-titres français au Cinéma du Musée. Le réseau de télévision CBC diffusera le documentaire en quatre épisodes à compter du 22 novembre à 20 h.

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