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FÉLIX ET MEIRA: un homme et une femme dans le Mile End

02-02-15

 

Félix et Meira, voilà un film fin et délicat qui entrouvre une porte sur un monde rempli de mystère, celui des juifs hassidiques.

 

Combien de fois, quand je vais à Outremont, la présence de cette communauté m’interpelle. Je me demande toujours comment on peut réussir à vivre une existence à ce point sans rapport avec le monde qui nous entoure.

 

Avec le scénariste Alexandre Laferrière, Maxime Giroux a trouvé une manière extrêmement touchante de faire se croiser ces deux univers parallèles.

 

 

D’un côté, il y a Meira, jeune épouse, absorbée par sa nouvelle responsabilité de mère d’une petite fille. De l’autre, Félix, célibataire qui doit négocier le deuil de son père avec qui la relation semble n’avoir jamais été facile.

 

On comprendra précisément à la fin du film ce qui réunit ces deux êtres et permet que leurs destins se croisent. Mais avant d’en arriver là, c’est par petites touches que Maxime Giroux peint sa toile favorisant le clair-obscur.

 

Ça commence par une scène dans un restaurant du Mile End où Meira attend sa commande. Félix, qui passe par-là, la complimente pour un dessin qu’elle a fait pour sa fille. C’est déjà énorme pour cette femme qui étouffe dans son monde de soumission et d’interdits.

 

Au hasard d’une autre rencontre dans la rue, Félix lui demande de l’aider à se comprendre, lui qui ne croit en rien. À chacun ses manques.

 

De fil en aiguille, en respectant totalement le rythme de Meira dans l’affranchissement de son milieu, on les verra écouter de la musique chez Félix, jouer au ping pong dans la somptueuse maison du défunt père et même danser dans une boîte de nuit de New-York.

 

Il y a des scènes magnifiques et simples comme celle où Maira enfile un jean ce qui équivaut pour elle à une libération …. même si c’est serré!

 

Félix aussi empruntera les habits de l’autre, histoire d’aller voir comment ça se passe chez les hassidiques. On ne peut s’empêcher de penser à Rabbi Jacob quand on le voit danser affubler d’une barbe, de papillotes et d’un schtreimel.

 

Mais attention, on est toujours dans le respect, la mesure, la délicatesse. Le coup de foudre ne cesse jamais d’être pudique.

 

Le film est aussi porté par une direction photo remarquable (Sara Mishara), un son soigné (Frédéric Cloutier) et une trame musicale riche (Olivier Alary, musique originale).

 

Cette histoire campée dans notre Montréal d’aujourd’hui, nous parle mais elle interpellera également le monde entier par son côté universel d’autant plus qu’elle est servie par deux acteurs exceptionnels.

 

L’Israélienne Hadas Yaron et  le Québécois Martin Dubreuil ont tous deux déjà remporté des prix aux festivals de Turin et Amiens. Il faudrait maintenant inventer le prix du meilleur bébé à l’écran pour celle qui joue la fille de Meira. Rarement a-t-on vu un poupon être aussi juste!

 

Maxime Giroux a causé la surprise en remportant le prix du meilleur film canadien au dernier Festival international de films de Toronto alors que tout le monde attendait la consécration de Xavier Dolan et son Mommy.

 

Dorénavant, il faudra avoir à l’œil ce réalisateur qui fait ici la démonstration d’un immense talent.

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