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YSL, Yves Saint Laurent

21-08-14

A l’été 2008, alors que la planète mode pleure la mort du grand couturier Yves Saint Laurent, les Montréalais ont la chance de voir au Musée des beaux-arts  une exposition célébrant son immense talent. On peut alors admirer de près ses créations. Dans les salles du musée, elles nous apparaissent comme de véritables œuvres d’art.

 

Six ans plus tard, Yves Saint Laurent, biographie filmée du réalisateur Jalil Lespert, prend l’affiche et nous révèle le côté sombre de cet artiste plus que tourmenté, malade.

 

Il y a un gouffre entre l’équilibre et l’élégance des vêtements qu’il a conçus pendant 40 ans et son comportement ‘’autodestructeur’’.

 

Dans son film,  Jalil Lespert s’intéresse à la moitié de la vie professionnelle de YSL. De ses débuts comme collaborateur chez Christian Dior à sa collection d’inspiration russe présentée en 1976.

 

Durant ces années,  il transformera le caban, imposera la ligne trapèze, créera les robes Mondrian, Pop Art, inventera le smoking pour femme, le jumpsuit, habillera Catherine Deneuve dans Belle de jour etc... etc…

 

À cet égard, le film est très généreux en modèles et croquis de toutes les époques. Les scènes de défilé sont spectaculaires.

 

Il faut savoir que Pierre Bergé, le partenaire en affaire et en amour d’Yves Saint Laurent, a donné sa bénédiction à la production qui a pu compter sur les riches archives de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent. (5 000 vêtements, 50 000 dessins, croquis et objets divers)

 

Mais ce n’est pas parce que l’amant de Saint Laurent est associé au projet que le film sombre dans la complaisance pour autant. La vie dissolue  et la fragilité psychologique du designer, que Bergé a connu, subi et enduré pendant 40 ans, sont largement évoquées.

 

On voit YSL dans ses excès : les colères, les paniques, l’alcool, la drogue, le sexe. On se demande comment le dessinateur de mode a pu garder la main aussi sûre et l’esprit aussi inventif.

 

Pour faire passer une telle dose de réalisme à propos d’une icône du chic et du bon goût, il fallait des acteurs irréprochables.

 

Pierre Niney, 25 ans, qui prend les traits du névrosé de génie, est confondant. Tant au niveau de la ressemblance physique que du déséquilibre psychique.  Niney profite de la décision de Jalil Lespert de terminer son film en 1976. Le jeune acteur réussit à accompagner son personnage avec crédibilité jusqu’à la quarantaine.  

 

Pour le rôle de Bergé, il fallait un mélange de retenue, de poigne et de sensibilité. Guillaume Gallienne s’acquitte de tout ça merveilleusement. Son personnage est le narrateur de l’histoire.

 

La Québécoise Charlotte Le Bon incarne la muse de Saint Laurent, Victoire Doutreleau, avec beaucoup de panache.

 

Le film est porté par une trame sonore comme je n’en ai pas entendue depuis longtemps. Les musiques originales d’Ibrahim Maalouf, souvent mâtinées de jazz, cajolent l’oreille. À se procurer!

 

Il y aussi une chanson de Patrick Watson, en plein milieu du film, pour une scène tournée au Maroc, qui fait un effet bœuf.

 

L’histoire, le personnage, l’époque, le jeu, la musique, tout ça est passionnant pourtant on sort du film sans être comblé.

 

Les devoirs sont bien faits mais il manque une étincelle qui nous laisserait ému à la sortie du cinéma. La misère des gens riches et célèbres est souvent bien froide.

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