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TROIS DISQUES DE MUSIQUE BAROQUE

18-10-15

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Pour qui aime la musique baroque, il y a de beaux disques à s’offrir cet automne. En voici trois qu’une certaine filiation réunit.

 

André Gagnon Baroque, Atma Classique

Un trésor de la musique québécoise ressurgit grâce à l’Orchestre symphonique de la Vallée-du-Haut-Saint-Laurent. Sous la direction de Daniel Constantineau, l’OSVHSL reprend Mes quatre saisons et Les Turluteries d’André Gagnon. Au tournant des années 60-70, le pianiste, qui n’a pas encore trente ans, puise dans sa vaste connaissance de la musique baroque pour revisiter des chansons de Jean-Pierre Ferland, Félix Leclerc, Claude Léveillée, Gilles Vigneault et la Bolduc à la manière de Jean-Sébastien Bach. Le résultat, en plus d’être savant, est un magnifique hommage à la musique québécoise. 40 ans plus tard, la reprise de ces compositions avec des instruments d’époque et un clavecin, plutôt qu’un piano, renouvelle la surprise et l’exploit. En plus d’être une réussite musicale, le disque André Gagnon Baroque a plusieurs vertus : il sauve de l’oubli deux contributions majeures du compositeur, il révèle une formation méconnue et permet à Jean-Willy Kunz de briller au clavecin.

Chaconne , Analekta

Si André Gagnon s’est inspiré de chansons populaires pour composer à la manière de Jean-Sébastien Bach, eh bien Bach et plusieurs autres (Vivaldi, Monteverdi, Falconieri, Landi) ont fait de même avec les chaconnes, les passacailles et les folias, le folklore de leur époque. L’Ensemble Caprice nous en offre un bouquet choisi sur le disque Chaconne. Guidé par son chef, l’époustouflant flûtiste  Matthias Maute, l’Ensemble Caprice apparaît ici comme un modèle de rigueur baroque ce qui n’empêche pas l’audace d’être au rendez-vous.  Sur ce 17e disque, Matthias Maute se permet d’y aller de quelques courtes compositions de son cru. Encore plus audacieux fût le spectacle célébrant, en janvier dernier, les 25 ans de la formation dans lequel les musiciens partageaient la scène avec les danseurs de Dave St-Pierre interprétant des extraits de Foudres et Un peu de tendresse, bordel de merde! Avec l’Ensemble Caprice, il y a toujours quelque chose pour vous surprendre.

La vallée des pleurs, Analekta

Le contre-ténor Daniel Taylor est un autre apôtre essentiel du baroque.

Je l’ai découvert dans les années 90. Formé à McGill et auprès du regretté Christopher Jackson du Studio de musique ancienne de Montréal, le jeune chanteur a alors début vingtaine. Disque après disque (sa discographie compte une centaine d’enregistrements), je le suis interprétant Dowland, Handel, Purcell, Britten, Couperin, Bach. Chantant avec Suzie Leblanc, Monica Huggett, Emma Kirkby. Accompagné par les Voix Humaines, l’ensemble Arion, Tafelmusik.  L’Étoile d’Orient est un de mes classiques de Noël. Depuis plus de 25 ans donc, le registre unique de Daniel Taylor fascine tout autant que le répertoire de musique baroque dont il ne cesse de révéler les richesses. Sur son plus récent disque, avec le Theater of Early Music qu’il a fondé en 2002 et la Schola Cantorum de l’Université de Toronto, il nous fait découvrir deux compositeurs allemands du 17e siècle moins connus que Jean-Sébastien Bach, Michael Praetorius et Heinrich Schütz. Le raffinement, la signature de Daniel Taylor,  est au rendez-vous dans cette interprétation très recueillie de chants funèbres et de cantates. Cette musique composée pour offrir une rédemption à ceux que la mort afflige trouve son chemin jusqu’à nous de façon éloquente. Dans le bruit de nos vies d’aujourd’hui, La vallée des pleurs est un disque qui apaise et élève.

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