
photo: Pierre Dury
Expo Doisneau à Paris: plus qu'un baiser
29-05-2025


Le Baiser de l’hôtel de ville (1950) de Robert Doisneau est une photo emblématique, une des plus connues au monde.
En 1986, on en tire 410 000 exemplaires en format affiche, un record inégalé dit-on.
Mais ce photographe, qu’on a qualifié de ''chantre du pittoresque parisien'' ne se limite pas à ce cliché.
75 ans après ce baiser, l’exposition Instants donnés, que le musée Maillol présente à Paris jusqu’au 12 octobre, est là pour nous en faire la démonstration.
On y présente 350 photos de Doisneau, tirées des 450 000 que renferme sa collection.
C’est une belle occasion de le distinguer de son aîné de 4 ans, Henri Cartier-Bresson (1908-2004). Une anecdote veut qu’aux funérailles de Doisneau, Cartier-Bresson a jeté dans la fosse une moitié de pomme et mangé l’autre dans une geste fusionnel éternel.
L’exposition commence avec ce qu’on connait le plus de Robert Doisneau : ses photos d’enfants gavroches en noir et blanc.
Comme Agnès Varda (qui a aussi une exposition à Paris dont j’ai déjà parlé ici), les circonstances font que Doisneau rencontre des artistes, et pas les moindres. Picasso, Riopelle, Giacometti, Niki de Saint-Phale, David Hockey (lui aussi a une exposition à Paris présentement), etc., il leur tire tous le portrait.
Il a aussi une belle série avec les écrivains et les réalisateurs, notamment Prévert, Aragon, Elsa Triolet, Hitchcock.
Mais Doisneau est aussi attiré par le monde ordinaire, les piliers de bar, les travailleurs, les mineurs, les manifestants.
Il tient cette proximité des ouvriers de ses débuts comme photographe aux usines Renault où il capte, entre autres, l’activité sur les chaînes de montage.
Plus tard, lorsqu’on le sollicite pour faire de la pub, il magnifiera le rêve automobile avec le même soin qu’il fait de la photo de mode. Ça, c’est quand il ne fait pas de l’humour avec ses sujets.
Il va jusqu’à faire de l’expérimentation en tordant la réalité qu’il capte sur pellicule.
Bref, c’est un pur bonheur de déambuler dans cet univers d’arrêts sur l’image qui nous ramène dans un passé qui commence à être pas mal lointain, souvent plein de joie, la joie d’un monde heureux d’être sorti de la guerre.
En prime, sur le parcours de l’exposition, on tombe sur des sculptures d’Aristide Maillol, l’artiste qui a donné son nom à ce musée de la rue de Grenelle dans le 7e arrondissement, où Alfred de Musset a déjà vécu avec sa mère, et où les frères Prévert y ont tenu un cabaret, lieu de création de la chanson Le Déserteur de Boris Vian.
N’oubliez pas d’admirer la majestueuse fontaine des Quatre-Saisons édifiée de 1739 à 1745 à la gloire de la Ville de Paris.