
photo: Pierre Dury
Exposition Titanic: récits et destin à Québec
23-08-2025

De passage à Québec le week-end dernier, je ne pouvais pas ne pas aller voir l’exposition Titanic: récits et destin au Musée de la Civilisation de Québec.
Je ne suis pas le seul à en avoir fait un must cet été, le musée est pris d’assaut quotidiennement depuis le 19 juin. Si vous comptez y aller (vous avez jusqu’au 11 janvier 2026 pour le faire), sachez que la visite de l’exposition avec audio guide affiche souvent complet.
J’ai personnellement fait le parcours sans.
Il demeure qu’avec ses 200 objets, l’exposition est très parlante même sans le commentaire audio.
Ça commence fort: un gilet de sauvetage et un panneau qui évoque le silence assourdissant que les naufragés ont tous évoqués lorsqu’ils ont raconté ce moment où leur bateau a disparu en pleine nuit du 15 avril dans la mer noire et glaciale
Cette date de l’année 1912 est gravée dans l’histoire. Des 2208 personnes à bord du Titanic, seulement 712 ont survécu.
Rien de moins qu’une catastrophe qui s’est répercutée à travers le monde comme une traînée de poudre.
Avec toutes ces personnes disparues en le temps de le dire le 15 avril, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec le 11-Septembre qui a eu, lui aussi, sa part de destins fauchés et de miraculés de l’Histoire. Sans compter ceux qui doivent leur vie au fait d’avoir manqué ce bateau en 1912 ou de n’être pas rentré au travail au WTC en 2001.
Ce qui est formidable dans cette exposition créée par la firme espagnole Musealia, c’est qu’en plus d’exposer des artefacts de l’époque et des reconstitutions d’aujourd’hui, on s’intéresse à l’histoire de ces gens qui ont fait partie de l’aventure funeste du prétendu insubmersible paquebot.
Le récit est complet. De A à Z, on aborde tous les aspects de l’histoire du Titanic: l’emballement de l’époque pour les navires transatlantiques, la concurrence que se livre la Cunard et la White Star dans la construction des plus luxueux bateaux du monde et certains raccourcis pris avec la sécurité, les spécificités particulières du Titanic, les conditions de la traversée inaugurale selon la classe choisie, la diversité des tâches dévolues aux 899 membres d’équipage, la tragique rencontre avec un iceberg 5 jours après le départ, le sauvetage épique dans lequel le Canada a joué un grand rôle, la couverture de l’événement dans les médias du temps, les changements que cet accident ont apporté dans l’industrie maritime, les recherches sous-marines pour faire parler l’épave et, bien sûr, comment la culture populaire s’est emparée d’un tel drame notamment au cinéma.
Faire la visite nous fait passer par toute la gamme des émotions.
On est stupéfait d’apprendre que les concepteurs du paquebot ont rogné sur le nombre de canots de sauvetage parce que ceux-ci bloquaient la vue des passagers!
On est impressionné de voir le luxe (reconstitué) réservé aux biens nantis de la première classe, et en comparaison, confondu par la frugalité des espaces réservés au peuple voyageant en troisième classe. Sans parler de l’horreur qui régnait dans la salle des machines dans les cales du bateau.
Et que dire de l’émotion qu’on ressent en voyant la tête de ces fameux huit musiciens du bateau qui ont joué jusqu’à ce que le Titanic sombre. On raconte souvent l’anecdote, mais voir leurs visages!
On comprend que mieux l’ambition des équipes de plongeurs qui ont voulu aller récupérer ce qui était récupérable de l’épave, et leur souci de rapporter des images de ce vestige englouti au fond des mers.
D’ailleurs, Claes-Göran Wetterholm, qui compte à son actif quatre voyages de recherche vers l’épave, est associé au contenu scientifique de cette exposition. Il a notamment procédé à la sélection des objets présentés, garantissant leur lien avec le Titanic et ses passagers.
On sort de cette expérience en se disant que le naufrage du Titanic méritait bien d’avoir son moment au musée.