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Le Cirque du Soleil est de retour à Trois-Rivières
21-07-2022

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En 2015, le Cirque du Soleil et la Ville de Trois-Rivières ont lancé une tradition. 7 ans après Le Monde est fou, spectacle basé sur les chansons de Beau Dommage, le public a encore une fois rendez-vous à l’Amphithéâtre Cogeco pour un spectacle qui allie performance de cirque sur une bande sonore de chansons québécoises connues.

 

Cette année (après deux ans de pause à cause de la COVID), les artistes du Cirque du Soleil s’exécutent sur des airs popularisés par des femmes. Cela a conduit à baptiser le spectacle Vive nos divas. Ce titre fausse un peu l’idée qu’on peut se faire du contenu. Ce n’est pas, à proprement parler, un hommage. On a plutôt choisi une vingtaine de chansons rendues célèbres pour leur interprétation par des femmes pour soutenir une histoire (toujours un peu ésotérique) et des numéros.

Ceci explique un choix musical qui va de Si j’étais un homme à Un peu plus haut, un peu plus loin, en passant par Le Début d’un temps nouveau et Entre l’ombre et la lumière. Ces titres vous disent certainement quelque chose et vous les associez à Diane Tell, Ginette Reno, René Claude et Marie Carmen. Mais, il y a aussi des chansons nettement moins connues du grand public comme BIRDS de Dominique Fils-Aimé, La laideur de Safia Nolin ou Salluit d’Elisapie.

 

Pas de doute, le choix est éclectique à souhait. Mommy de Pauline Julien côtoie I’m Alive de Céline Dion!!! Mais, la musique au programme est bonne, et vitaminée grâce encore une fois au directeur musical Jean-Phi Goncalves qui a mis sa signature sur chacune des tounes. Sa version de Chica Chica Boum Chic d’Alys Robi est électrisante, parfaite pour un numéro de danse urbaine déjanté. Mon coup de coeur de la soirée!

 

Les habitués de Révolution, émission de danse diffusée à TVA, reconnaîtront le style cher à Lydia Bouchard qui y est juge. C’est elle qui signe ici la mise en scène et la direction chorégraphique. Pas surprenant que la danse occupe beaucoup de place dans Vive nos divas. Les chorégraphies sont très enlevées.

Mais le cirque n’est pas en reste. Il y a plusieurs numéros très costauds à commencer par celui qui ouvre le spectacle : une performance de trampo-mur dans laquelle les acrobates se lancent, rebondissent, et se relancent frénétiquement en se frôlant dans les allers-retours entre le trampoline et la structure. On peut comprendre pourquoi un accident est survenu la veille de la première. C’est risqué!

Autre numéro hallucinant, celui dans lequel Ileana Pastorino se contorsionne dans les airs, retenue par ses cheveux. Je n’avais jamais vu ça. Ça réinvente l’expression ‘’tirée par les cheveux’’.

Autre bon coup du Cirque du Soleil, l’organisation a réussi à mettre la main sur le duo Suvda-Buyana, deux sœurs originaires de la Mongolie, le pays le plus réputé au monde pour l’art de la contorsion. Même si on ne dévoile pas l’âge des natives de Oulan-Bator (en cherchant on apprend qu’elles font de la contorsion depuis des décennies), les deux numéros qu’elles font témoignent d’une totale maitrise de leurs corps et de leur discipline. Qui plus est avec un (trop?) large sourire. Elles ont déjà fait sensation à America’s Got Talent en 2020.

J’ai aussi beaucoup aimé l’original numéro d’unicycles offert par un quatuor de Japonaises. Elles bousculent notre façon de voir l’art de se déplacer sur une roue.

Si vous avez assisté au spectacle Alegria du Cirque du Soleil avant son retrait de la circulation en 2019, vous vous souviendrez certainement de la danse du feu de Lisiate Tovo. L’homme qui prend le feu par les mains, le fait rouler sur la plante de ses pieds, qui mange le feu même, s’est trouvé un nouveau spectacle où il peut nous embraser la rétine. Aille, aille, aille, c’est chaud ce numéro!

Il y a aussi des numéros de Tissu aérien et de Corde volante, mais personnellement j’ai trouvé qu’il y avait trop d’aériens dans le spectacle. D’ailleurs, dans le numéro final, la pauvre artiste qui se balance sur sa corde est noyée dans un tableau qui comporte tellement d’éléments qu'on ne sait plus où regarder. Il y a notamment une pluie en trombe pas vraiment nécessaire. Peut-être salutaire pour la troupe alors qu'il faisait très chaud dans la salle le soir de la première, mais les soirées où ce sera plus frais, je crains qu'ils attrapent la crève.

Autre bémol. Pour satisfaire l’histoire qui est portée par un personnage principal nommé Phoénix, on a donné trop de chansons importantes à la personne qui l’incarne. On demande à une enfant de 12 ans (Anaïs Gonzalez, le soir de la première) de chanter J’ai douze ans (ça ça peut toujours aller), mais pour Si j’étais un homme, Un peu plus haut, un peu plus loin, C’est zéro, c’est beaucoup exiger d’une aussi jeune artiste, il me semble.

Surtout qu'il y a sur le plateau de très bonnes voix pour interpréter les chansons.

Les trois autres chanteuses du spectacle (Francesca Comeu, Marie-Christine Depestre, Heidi Jutras) réussissent parfaitement à s’approprier les classiques qu’on leur a attribués en fonction de leur tonalité. Cela nous vaut de très belles et très différentes interprétations de Entre l’ombre et la lumière, Chats sauvages, Bloody Mother Fucking Asshole, pour ne mentionner qu’elles.

Un dernier mot, sur les costumes. Le concepteur Nicolas Vaudelet a fait le choix d’habiller tous les artistes sur scène en rouge, un rouge qui rappelle dans plusieurs cas Les Servantes écarlates. Voilà un choix artistique très audacieux et très payant. Ça donne une couleur unique à ce nième spectacle du Cirque du Soleil.

Alors, est-ce qu’on retourne à Trois-Rivières cette année? Il n’y a pas un groupe (Beau Dommage-2015, Les Colocs-2018, Les Cowboys fringants-2019), un auteur (Plamondon-2017), ou un artiste (Charlebois-2016) pour nous attirer en 2022…..mais pour l’aspect cirque, il n’y a aucun doute, on est parfaitement dans la tradition d’excellence des spectacles présentés à l’Amphithéâtre Cogeco depuis 2015.

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