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Le club de curling le Royal Montréal
18-09-2025

089.HEIC

En août dernier, quand j’ai eu l’idée d’occuper mon été à visiter des lieux montréalais où je n’étais jamais rentré de ma vie, l’endroit qui venait en tête de ma liste était le Club de curling Le Royal Montréal (CCRM).

C’est que chaque fois que je passe devant le 1850 boulevard de Maisonneuve Ouest pour aller prendre le métro à la station Guy-Concordia, je suis curieux de voir l’intérieur de ce bâtiment qui, de l’extérieur, a des allures de 10 Downing Street à Londres.

À gauche de la porte rouge, une plaque de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada nous apprend que ce club a été fondé en 1807, ce qui en fait le premier club de curling en Amérique du Nord. Voilà assez pour me donner envie de sonner à la porte. Mais, en pleine canicule, pas de réponse. Le club est fermé pendant l’été. En passant, il recommence à accueillir les joueurs de curling le 20 septembre.

Je me suis donc contenté de faire des photos de l’extérieur du bâtiment. C’est déjà intéressant. De dehors, on comprend qu’il y a deux parties à l’édifice, le club house sur deux étages, en briques rouges, qui donne sur 

De Maisonneuve, et une longue structure en métal qui abrite la glace, communément appelée ice shed.

Le mur extérieur de la ‘’cabane à glace’’, qui donne sur un stationnement, accueille une murale depuis 2019. La danse des mains légères est une œuvre de l’artiste Mateo, produite par MU.

Évidemment, je ne pouvais me contenter de ça pour faire une publication.

J’ai donc écrit au Club de curling Le Royal Montréal pour leur demander de m’ouvrir leurs portes, en disant que j’avais plein d’amis sur mes réseaux sociaux qui seraient trop heureux eux aussi de voir l’intérieur de ce lieu qui reçoit des joueurs de curling à cet endroit depuis 1892. Après tout, un si vénérable endroit mérite bien un peu de reconnaissance.

 

Cécilia, la coordonnatrice du club, s’est rapidement rendue à mes arguments. Elle m’a même organisé une visite avec l’historienne du club, Marie Béland.

Mme Béland est en fait Docteure Béland. Elle a fait carrière comme cardiologue à l'Hôtpital de Montréal pour enfants. Aujourd’hui à la retraite, cette canadienne-française par son père et irlandaise par sa mère, consacre de son temps à ce sport écossais qu’elle pratique, évidemment, au Club de curling Le Royal Montréal, depuis plusieurs années.

C’est sa mentore en médecine, Dre Patricia Forbes, également pédiatre au ''Children'', qui l’a attirée au curling.

Disons que cette organisation a longtemps été une affaire d’hommes.

Marie ma guide m’amène d’abord parmi les vieilles photos qui ornent les murs du club house, et elle se met à me raconter la longue histoire de ce sport écossais transplanté à Montréal.

On l’a dit le club a été fondé en 1807.

‘’Le curling se jouait alors à l’extérieur, sur le fleuve près de la brasserie Molson. À ce moment-là le club s’appelait The Montreal Curling Club et seulement les hommes pouvaient s’y joindre.’’

Jouer dehors près de la brasserie Molson a fait un temps. Les curleurs voyaient souvent leur belle glace subtilisée par les marchands de glace qui s’approvisionnaient au même endroit.

Je vous passe l’itinérance du club pour vous transporter en 1892. C’est cette année-là que le Montreal Curling Club s’installe sur De Maisonneuve, qui s’appelait alors St.Luke Street.

Les femmes en sont toujours exclues, mais pas pour longtemps me raconte fièrement Marie Béland :

‘’En 1894, le premier club de curling féminin au monde, le Ladies Montreal Curling Club est fondé par

Mme. E.A. Whitehead qui forme un conseil d’administration entièrement féminin et indépendant de celui des hommes. Les femmes ont joué entre femmes pendant des années. Elles louaient du « temps de glace » (ice time) du Montreal Curling Club.’’

 

Anecdote intéressante, Mme. E.A. Whitehead était une Sicotte. Son grand-père Louis-Victor Sicotte était un patriote. L’homme qui a instauré l’idée de la fête de la Saint-Jean-Baptiste via son organisation Aide-toi, le Ciel t’aidera.

 

Le Montreal Curling Club a ajouté le qualificatif royal à son nom en 1924 avec l’autorisation du Roi de l’époque,

George V.

 

C’est le Gouverneur général d'alors, Julian Byng, qui a intercédé en faveur de l’organisation montréalaise auprès du monarque. Byng favorisait tout ce qui rapprochait le Canada de la Couronne britannique et éloignait le Dominion de l’influence des États-Unis.

Les Gouverneurs généraux sont omniprésents au CCRM. L’organisation offre à chaque GG d’être un membre honoraire de son organisation et la photo de ceux qui acceptent est accrochée au mur.

Les absents sont plutôt remarquables : Jeanne Sauvé et Michaëlle Jean, entre autres.

Il faut savoir qu’il a fallu attendre l’année 1997 pour que des femmes fassent partie du club. Dre Patricia Forbes, dont j’ai déjà parlé, est l’une des deux. Elle est aussi devenue la première femme présidente du club en 2009.

Aujourd’hui, en 2025, les femmes sont majoritaires au CA et dans les postes de direction.

Pour ce qui est de l'effectif, le Club de curling Le Royal Montréal est composé d’un peu plus de 200 personnes, environ 40% de femmes, 60% d’hommes.

 

Parlons de la glace maintenant. Après tout, c’est surtout pour ça que je voulais entrer dans cet édifice.

À ma première visite, le 2 septembre, on venait tout juste de commencer à la fabriquer. Durant l’été, la patinoire disparait pour laisser respirer le lit de sable qui couvre la dalle de béton qui porte la glace en saison.

Jusqu’aux années 1920, la ice shed disposait de fenêtres qu’on laissait ouvertes pour garder l’endroit froid.

La parole à Marie Béland pour la suite :

‘’En 1928, un équipement de réfrigération a été installé et les fenêtres ont été recouvertes et fermées de façon permanente dans l’aréna. L’eau salée froide (brine) qui circulait dans les tuyaux sous la glace provenait de nos voisins, la Guaranteed Pure Milk Company. Son président, George Hogg, était aussi président du Royal Montreal. Quand la compagnie a déménagé des années plus tard, nous avons installé notre propre système de réfrigération au sud de l’aréna.’’

Je suis retourné cette semaine alors que la glace était pratiquement terminée, il manquait encore un pouce d’épaisseur.

La fabrication de la glace du rink est un art.

‘’Une des clés de la préparation de cette surface avant chaque match est d'arroser la glace avec de fines gouttelettes d'eau, ce qui donne un fini perlé à la glace. On appelle ça le pebbling, ou en français le cailloutage’’ me dit Marie qui est incollable.

J'ai réalisé qu'il y a un mot pour chaque chose au curling: la maison (les fameux cercles concentriques en couleur), les pierres en granit (idéalement un granit d’Écosse, moins friable), les balais, les hacks (les blocs de départ maintenant en caoutchouc qu’on appelle aussi les Marco du nom du Québécois Marco Ferraro, de Boucherville, qui les imaginés), le tableau de pointage old fashion avec les points qu’on accroche sous le chiffre de la manche jouée.

Il faut montrer patte blanche pour pénétrer dans la ice shed. Les joueurs qui vont sur la glace doivent porter des chaussures à semelles antidérapantes. Pour les lancers, les joueurs s'équipent d'une semelle de glisse en Teflon. Il y a aussi l’obligatoire nettoyage des chaussures pour tous. La glace ne tolère pas les saletés transportées de l’extérieur.

Un dernier mot sur la décoration du club house : on se croirait dans un musée avec des peintures et des photos de toutes les époques, des trophées de toutes les formes, du mobilier vintage, et de magnifiques vitraux installés en 1957 pour le 150e anniversaire du Club de curling Le Royal Montréal.

Ça vous dirait de visiter?

Il y a portes ouvertes dimanche qui vient le 21 septembre de 10 :00 à 16 :00. C’est gratuit.

Mieux que ça, Marie me demande de transmettre ce message :

‘’Nous avons aussi un programme d’enseignement bilingue très populaire appelé ‘’Initiation au curling’’ (Learn to Curl). Après les sessions de 2 heures par semaine pendant 4 à 6 semaines, tout individu qui a suivi le cours peut commencer à jouer dans des ligues de curling pour débutants.

Par ailleurs, nous offrons aussi des cours à des groupes (pour le team building par exemple), ou à des touristes de passage pour leur enseigner les principes d’un sport qu’ils ont seulement vu pendant les Olympiques d’hiver. Je le mentionne pour vous dire combien nous prenons au sérieux notre devoir de faire rayonner notre beau sport!’’

 

Et moi je rappelle que le Canada est une puissance au curling. Le Canada est historiquement la nation la plus médaillée en curling olympique,

 

À suivre aux Jeux de Milano-Cortina en février 2026.

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