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Pavillon Lassonde : Québec accède aux grandes ligues

23-06-16

Il y a un avantage au fait de vieillir. On voit sa société s’améliorer. Lorsque j’habitais Québec à la

fin des années 70, début des années 80, le Musée national du Québec se limitait à un seul

pavillon. Et ça a été comme ça jusqu’en 1991. Cette année-là, le musée a été agrandi avec la

conversion de la prison de Québec en salles d’exposition et la construction d’un pavillon reliant

les deux bâtiments.

 

Tout ça aurait pu s’arrêter là, mais devant le nombre d’œuvres créées en 25 ans qui n’avaient pas de lieu pour être montrées, l’idée de créer un nouveau pavillon consacré à l’art contemporain a germé malgré les sempiternelles contraintes budgétaires.

 

Ce qui était un rêve à concrétiser est maintenant réalité avec l’ouverture, le 24 juin 2016, de ce nouveau joyau de la Capitale. La date n’est pas symbolique. C’est le plus beau cadeau qu’on puisse faire aux Québécois pour leur fête nationale.

Le pavillon Pierre Lassonde est le plus important projet culturel au Québec. Plus de 100 millions

de dollars. Beaucoup de gens y ont cru. Les gouvernements, mais aussi les mécènes et au

premier chef Pierre Lassonde qui a contribué 10 millions et certainement inspiré bien d’autres

donateurs. D’ailleurs partout dans l’édifice, on célèbre la participation des contributeurs. Dans le

passage souterrain, d’un blanc virginal, on peut lire sur les murs les noms de ceux qui ont

participé aux levées de fonds. Sur les contre-marches du grand escalier, d’autres noms de

grands contributeurs. Les salles, les halls, l’auditorium, le café ont tous un commanditaire. Je le

mentionne parce que sans cet apport du secteur privé et des mécènes (24, 6 millions de dollars) 

ce projet n’aurait sans doute jamais vu le jour.

 

En plus du besoin criant d’espace pour montrer la collection d’art contemporain du musée

(9 000 oeuvres), la nature du projet architectural a certainement contribué à délier les bourses.

Ce nouveau pavillon de 14 900 mètres carrés sur 5 étages est magnifique : ouvert sur l’extérieur, rempli de lumière, tout en courbes, avec des salles configurées pour accueillir l’imaginaire débordant des artistes d’aujourd’hui, doté de toits verts, fleuris même.

 

Cet immeuble est le résultat d’un concours d’architecture international qu’a remporté le

consortium d’architectes OMA (Office for Metropolitan Architecture) de New York et

Provencher_Roy, de Montréal. Le responsable du projet, Shohei Shigematsu, a de grandes

réalisations à son actif mentionnons entres autres le siège social de la Télévision centrale

chinoise à Pékin (CCTV), la bourse de Shenzhen et des projets urbanistiques comme le

réaménagement des berges de l’Hudson au New Jersey.

 

Le pavillon Lassonde suscitera à n’en point douter un intérêt à travers le monde. Si les touristes culturels se rendent à Paris pour voir la Fondation Louis Vuiton, le LEUM à Séoul ou le Guggenheim

à Bilbao, il n’y a pas de raisons qu’ils ne viennent pas à Québec maintenant que la ville est dotée

d’un tel écrin pour l’art contemporain.

 

Ce qu’on y montre est tout aussi attrayant. C’est l’art contemporain québécois à son meilleur :

BGL, David Altmej, Michel de Broin, Melvin Charney, Marcel Barbeau, Rita Letendre pour n’en

nommer que quelques-uns. Une place est aussi faite aux arts décoratifs du Québec et à l’art

inuit.

 

L’ajout de ce 5e pavillon a également été l’occasion de mettre en valeur, comme jamais

auparavant, la fabuleuse fresque L’Hommage à Luxemburg de Jean-Paul Riopelle. Ce triptyque

de 40 mètres de longueur accueille les visiteurs qui utilisent le passage menant du pavillon

central au pavillon Lassonde. C’est la première fois qu’on peut voir cette œuvre réalisée en 1992 

dans toute sa longueur et toute sa splendeur.

 

Les gens de Québec peuvent se consoler. La ville n’aura peut-être pas d’équipe dans la Ligue

nationale de hockey de sitôt, mais elle a un nouveau joyau au Parc des Champs-de- Bataille qui la propulse dans les grandes ligues du circuit des arts visuels.

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